Depuis octobre 2020, l’église de la Résurrection met à disposition un composteur collectif de quartier.
Nous en tirons de la nourriture pour notre jardin. Il est accessible sur inscription pour une quarantaine de foyers du XVè arrondissement de Paris. Il s’agit de nous mettre au service de nos voisins, de la ville et de la planète, car nous croyons qu’une communauté chrétienne se nourrit dans son église aussi bien qu’en dehors et qu’elle doit donner du pain dans et hors de ses murs. Nous nous réjouissons des rencontres simples et informelles qui se produisent entre toutes les personnes qui utilisent nos locaux pour des célébrations, des activités culturelles ou le compostage.
Vous verrez trois bacs au fond du jardin, à côté du portail : le premier recueille les bio-déchets, le deuxième contient des matières sèches pour équilibrer le compost, et le troisième est un bac de maturation dans lequel le compost passe 6 mois de vacances, quand le premier bac est plein, afin d’être travaillé par les vers et de se transformer en compost utilisable pour le jardin.
Rejoindre les composteurs
Afin de rejoindre les foyers qui compostent à la Résu il vous suffit d’envoyer un email à Jean Noel ou bien de venir le dimanche pour recevoir votre formation, le guide pratique, la feuille d’engagement et votre éco-seau.
Le petit mot spirituel : La poubelle et la grâce.
Dans notre société, la poubelle a pris une place démesurée, au point où il serait tout à fait impensable de ne pas en trouver dans un lieu public. Il faut pouvoir jeter : tout et tout le temps. C’est devenu un droit inaliénable de l’humanité. Émerveillons-nous quelques instants de cet outil magique : un récipient dans lequel tout ce qui tombe disparaît instantanément, soulage son propriétaire, et ne se rappellera plus jamais à lui. Un outil qui ne demande jamais de comptes, qui ne juge pas, et dont on se moque éperdument de savoir ce qui adviendra de son contenu : incinération, enfouissement… Enfouissement ? N’est-ce pas spirituellement parlant une forme de déni : « Non, vraiment, je ne veux rien avoir à faire avec cet objet qui ne m’a été utile que quelques jours, voire quelques minutes. Il n’existe plus, il n’a jamais existé, il me pèse, il m’entrave, libérez-m’en ! ».
Pourtant, cette déresponsabilisation ne fonctionne pas et nos déchets se rappellent à nous : dans nos assiettes, dans nos océans, dans nos rues, dans l’air, partout. La poubelle n’est pas magique, elle a un coût, que nous refusons de payer. La poubelle, c’est l’humanité qui après avoir commis un crime s’en lave les mains en disant simplement : « je n’ai rien fait, ce n’est pas moi, d’autres s’occuperont bien de réparer ».
Vous êtes bien dur ! Et le rapport avec le composteur ? Le composteur c’est essentiellement le contraire… C’est rendre à la terre l’énergie qu’on lui a prise pour se nourrir. C’est la poubelle qui travaille, qui fait collaborer les bactéries, les insectes, les vers… C’est l’humanité qui assume ses responsabilités, et reconnaît avec humilité qu’elle dépend du reste de la Création et du travail mystérieux et patient de celle-ci pour transformer les déchets en nourriture. C’est nous qui avons réfléchi avant de jeter, qui avons eu de la joie de voir ces déchets arrachés à la voracité de notre poubelle ménagère.
Formulé en patois d’église, la poubelle c’est l’aveugle qui prétend voir, c’est le pécheur qui se dit juste, et c’est l’oubli travesti en pardon. Et le compost… le compost c’est la grâce, c’est la gratuité mystérieuse qui transforme ce dont nous n’avons pas eu besoin, ce qui était en trop, ce qui était mort, en la nourriture de demain.
Prière : « Seigneur, pardon d’avoir acheté sans discernement, d’avoir usé et jeté, et de toujours recommencer. Nous n’avons pas eu le temps ou la possibilité de faire mieux. Merci, car tu es ce Créateur qui nous redonne du temps et ouvre des possibilités jour après jour. Merci, car tu ne nous as pas créés pour nous jeter. »