Au cœur de l’arrondissement le plus peuplé de Paris, l’église de la Résurrection jouit du luxe le plus invraisemblable. Un espace pour rien, peuplé de cailloux, d’herbes folles, de feuilles mortes, d’arbres… et çà et là de plantes potagères, d’insectes, d’arbustes et de fleurs : bref, un jardin.
Jadis utilisé comme stationnement pour voitures, ce jardin a été repris de longue lutte pour le bénéfice des différents amis de la paroisse. Aujourd’hui, il abrite des plantes d’agrément, et il s’ouvre sur le quartier avec son composteur collectif, ou à l’occasion d’événements comme la fête des voisins, ou tout au long de l’année par des après-midi jardinage et bricolage.
Le petit mot spirituel : du jardin à la cité.
Toute l’histoire biblique part d’un jardin (d’Eden) pour arriver à une cité (céleste). Un jardin, comme un lieu borné où la nature, toujours source de mystère et d’interrogation, n’est pas totalement menaçante, sauvage et permet la vie paisible de tous ses habitants. L’être humain y apprend son rôle de jardinier de la Création, au service d’un système indispensable à sa survie. Il a toujours quelque chose à en apprendre. Il a cette responsabilité de mettre en place les conditions favorables à son épanouissement, sans jamais oublier qu’il n’en est pas le moteur principal, mais seulement l’ouvrier.
Mais les plus attentifs opposeront à cette vision tout à fait idyllique du jardin premier que, non seulement l’être humain en fut chassé pour ne plus jamais y revenir, et, de plus, qu’à partir de là, il n’est plus fait promesse dans la Bible d’un quelconque retour à un jardin, mais bien d’une cité céleste. En attendant la cité paradisiaque décrite dans l’Apocalypse, il ne tient qu’à nous de rendre nos villes plus vivables. Alors, chaque jardin est à la fois un petit bol d’air de consolation et un rappel que le béton n’est pas notre vocation : il suscite un grand désir d’une vie plus simple et plus belle. D’ici à faire d’une mégalopole comme Paris une cité à la mesure de l’être humain, il faudra plus qu’un miracle.
Prière : Dieu notre Père, nous exploitons le moindre recoin de Paris comme si la Terre n’était pas assez grande pour nous. Que nous gardions dans nos appartements, dans nos immeubles, dans nos rues, des espaces pour rien, des espaces libres et gratuits. Que nous laissions la créativité que tu nous as donnée s’y épanouir pour un bien plus grand que la rentabilité. Seigneur, fais de nous des jardiniers.